A contre allée, 2013-2014
Projet initié par l’association Ruelle (Relais urbain d’échanges et de luttes contre l’exploitation), à Bordeaux, et soutenu par le fonds de dotation Inpact – Initiative pour le partage culturel.
« D’aprés leurs récits, Christophe Goussard a photographié les lieux où les personnes ont été exploitées, depuis la rue que chacun emprunte quotidiennement, près de chez lui, de son travail. Reconnaissables ou pas, ils nous sont familiers, comme déjà vus. En parallèle, des appareils ont été confiés aux personnes accompagnées pour qu’elles photographient leur nouveau quotidien : leur travail, leurs trajets, leur chez eux. Après un temps consacré à chercher, à adoucir les résistances ou hésitations, à se questionner ensemble et à construire un projet commun, vint le temps de raconter ces histoires en image. Les textes ont été enregistrés lors d’entretiens réalisés tout au long du projet. Ces ateliers se sont révélés être des espaces préservés, entre réalité et utopie. La narration d’une histoire, de leur histoire, participe de l’émancipation des personnes, nous renvoyant, tel un miroir bienveillant, une image de notre société. Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des personnes qui ont participé à ce projet. La clandestinité est une difficulté majeure lorsqu’on travaille sur l’esclavage domestique, l’exploitation sexuelle, la délinquance ou le travail forcé. C’est pourquoi, l’association RUELLE décline son action autour de trois axes : la sensibilisation des membres de la société civile sur ces formes d’exploitation, la formation des professionnels à l’identification des situations à risque et l’accompagnement des victimes.
Qu’est-ce que la traite des êtres humains ? Ce sont les actes qui préparent l’exploitation. Qu’est-ce que l’exploitation ? C’est le fait de contraindre une personne à exercer une prestation en l’absence d’une rémunération correspondant au travail accompli. La contrainte peut résulter d’éléments extérieurs à l’employeur, mais elle doit être utilisée par ce dernier pour forcer le consentement de la victime. Accompagner les victimes, c’est les aider à quitter physiquement le lieu d’exploitation, mais également à s’émanciper de la relation d’emprise.
L’art est un mode d’échange et de partage particulièrement fécond. Aussi, l’accès à une expression artistique, que ce soit comme auteur ou spectateur, est un des axes forts de l’accompagnement proposé. »